Papote d’auteur, Isabelle Villain était avec Céline Servat
Il y a quelques jours nous vous proposions une double chronique sur Internato le dernier livre de Céline Servat . Ce soir c’est Isabelle notre auteur-Flingueuse qui vous propose de mieux connaitre son auteur.
Aussi je vous laisse avec :
l’interview exclusive de Céline Servat par Isabelle Villain
Papote d’auteur, Isabelle Villain était avec Céline Servat
Bonjour Céline, pour ceux qui ne te connaissent pas encore très bien, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour Isabelle ! Je m’appelle donc Céline Servat, j’ai 46 ans. Mariée, deux enfants, je suis assistante sociale auprès d’enfants ayant des troubles du comportement. Je vis dans le Sud-Ouest, à 80kms de Toulouse, au pied des montagnes. Pour ceux qui connaissent, je suis dans le Comminges où Minier situe la plupart de ses livres.
Quelles sont tes passions en dehors de l’écriture et de la lecture ?
J’aime être entourée de ma famille, de mes amis, cuisiner pour mes proches. Je suis d’origine andalouse et chez moi, la nourriture fait partie intégrante de la convivialité. J’aime la musique, le rock, la soul. Je suis issue d’une famille de musiciens. J’aime aussi le cinéma français. Je suis très attachée à l’Espagne, sa langue, sa culture, c’est une part de moi. Je suis aussi active niveau bénévolat, depuis plus de 20 ans.
Tu peux me citer un livre qui t’accompagne ?
C’est dur de n’en citer qu’un, surtout que je ne relis jamais un livre, mais, alors que je lis presque exclusivement du noir, mon livre préféré est L’ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon. J’adore l’univers de cet auteur, disparu il y a quelques mois.
Une chanson ?
Moi qui ai du mal à faire des choix, tu me mets au supplice ! Je dirai : A la faveur de l’automne de Tété.
Un film ?
Là aussi, je pense que LE film qui continue de m’émouvoir toujours autant, c’est Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch.
Un souvenir de voyage ?
Je n’ai pas fait de grand voyage, pourtant j’adore découvrir des lieux nouveaux, mais mon mari est difficile à convaincre. Je pense que la visite du Colisée, il y a trois ans, reste un grand moment pour moi.
Je sais que tu es une grosse lectrice, mais as-tu toujours eu envie d’écrire ?
J’ai toujours écrit mais pas forcément avec l’ambition d’être lue. L’écriture m’a toujours servie d’exutoire. Je n’imaginais pas que ces textes, plutôt intimes, déboucheraient petit à petit sur des nouvelles, puis des romans
Quel est ton genre de prédilection en matière de romans ?
J’ai longtemps pioché dans les classiques de mon père. Puis je me suis aperçue qu’il existait des auteurs contemporains très intéressants. J’ai longtemps été attirée par l’héroïc fantasy, et puis, j’ai découvert Franck Thilliez. Maintenant, je ne lis pratiquement que des polars, thrillers et romans noirs. Sur les 200 romans que je lis en moyenne à l’année, il doit y avoir dix livres de littérature blanche.
« Internato » est ton premier roman. Je signale que je l’ai dévoré et adoré. Comment t’es-tu décidé à plonger dans le grand bain ?
Déjà, je suis ravie que tu l’aies aimé et dévoré ! Ton avis compte beaucoup et je me rappelle que tu m’avais déjà encouragée concernant une de mes nouvelles, je t’en remercie !
Pour revenir à ta question, j’avais co-écrit une nouvelle avec mon frère, et nous voulions renouveler l’expérience. Nous cherchions un thème pour une autre nouvelle, et je lui ai parlé de l’Argentine et du fait que je ne comprenais pas que ce pays ait accueilli des nazis, fascistes, franquistes, pour les cacher tout en les considérant comme des héros. Thomas, mon frère, m’a dit : « ce n’est plus une nouvelle, c’est un roman que l’on doit écrire ». L’idée était lancée. Il devait l’écrire avec moi, rédiger la partie sur Gabriela mais, ne le voyant pas avancer, j’ai fini par tout faire. Il m’a alors dit : « Tu vois que tu pouvais l’écrire ». J’ai donc compris qu’il avait surtout accompagné mon processus de création.
La thématique que tu abordes dans ton roman est très originale et a dû nécessiter de nombreuses recherches. Comment as-tu procédé ?
Pour Internato, j’avais beaucoup lu en amont sur ce sujet car j’avais besoin de comprendre les méandres de l’âme humaine, d’approfondir les faits historiques. Quand j’ai décidé d’écrire sur ce thème, je n’ai eu qu’à cibler certaines recherches pour compléter mes connaissances accumulées depuis des années.
Par contre, pour le tome 2 de la trilogie, Norillag, qui sort le 1er avril, je ne connaissais rien à la Russie et j’ai dû lire et regarder des reportages pendant quatre mois. Au début j’ai tâtonné, on m’a conseillé des ouvrages assommants qui ne correspondaient pas à mon thème. Les grands auteurs ont des personnes qui ciblent les sources, moi j’ai du déblayer tout cela. J’ai ensuite alterné la lecture de livres historiques, de témoignages, pour être au plus près de la réalité, avec de la fiction, afin de connaître les modes de vie, les façons de penser.
Pour le troisième tome, qui se base sur l’histoire de l’Espagne, mon frère a ciblé mes lectures, puisqu’il chante des chansons de lutte de notre pays d’origine et est maintenant considéré comme un spécialiste en la matière. Toutefois, l’histoire espagnole est dense, il y a beaucoup de partis politiques et de syndicats. Je dois maitriser tout cela alors que cela n’apparaitra peut-être que dans quelques lignes. En tout cas, j’ai besoin de me sentir légitime dans mes connaissances, même si toutes ne servent pas le roman. Je n’écris pas un livre historique, mais un thriller (pour Internato) ou un roman noir (pour Norillag) donc le but est d’utiliser juste ce qu’il faut pour que le récit soit cohérent et crédible.
Ton roman est sorti en plein confinement. Tu n’as jamais connu les salons et les dédicaces. As-tu hâte de découvrir cette ambiance ou bien la rencontre avec le lecteur te fait-elle peur ?
J’ai connu des dédicaces, mais en effet pas de salons. Comme tu le vois, je suis très bavarde et j’adore la communication, donc je suis friande de rencontres. Quand les lecteurs me contactent pour avoir un roman dédicacé, je leur demande toujours qui ils sont, ce qu’ils aiment… J’aime ce contact. J’ai plusieurs salons prévus en mai et juin mais verront-ils le jour, vu la situation sanitaire ? Je l’espère, surtout que j’en co-organise un du nom de t(h)ermes noirs les 12 et 13 juin, dans mon village.
Tu es plutôt plan très structuré ou écriture au fil de l’eau ?
Je suis une angoissée, je fais des listes, je planifie… En juillet j’ai presque fini mes cadeaux de noël. Ca te donne la mesure de mon besoin de faire un plan, d’abord large puis en détaillant à nouveau chaque partie, plusieurs fois, avant de l’écrire. Par contre, je laisse mes personnages évoluer au fil du chapitre et il m’arrive d’écrire les chapitres dans le désordre, selon ce que j’ai envie de développer.
Travailles-tu actuellement sur un nouveau projet ?
Oui, sur plusieurs ! Je travaille à des nouvelles, pour des concours tout d’abord, puis pour un deuxième recueil de nouvelles noires. En effet, « Au-delà de nos oripeaux » est sorti en septembre, co-écrit avec Guillaume Coquery, un ami qui habite le même village que moi et est auteur et publié chez M+ éditions lui aussi. Nous souhaitons renouveler cette belle expérience dans quelques mois.
Puis, bien sûr, je prépare le troisième et dernier tome de la trilogie sur les dictatures et les secrets de famille, avec le challenge de le situer dans le pays ou mon grand-père a lutté contre le franquisme en prenant les armes à dix-sept ans. Je ne me précipite donc pas car la charge affective est énorme et je dois apprendre à me décaler dans mon écriture. Internato va à 100 à l’heure, Norillag est plus posé, je souhaite que ce troisième tome soit explosif. Je me mets moi-même la pression…
Pour conclure, un coup de cœur ?
J’ai eu plusieurs de coups de cœur l’an dernier : tout d’abord avec
« de bonnes raisons de mourir » de Morgan Audic,
« j’irai tuer pour vous » de Loevenbruck,
« Double amnésie » de Céline Denjean,
« Tuer le fils », de Benoit Séverac,
« les trois vies de l’homme qui n’existait pas » de Laurent Grima,
« les parapluies noirs » de Chris Loséus
ou « Je suis des leurs » de David Ruiz Martin.
Cette année, j’ai adoré « la valse des éphémères » de Virginie Lloyd.
J’ai dévoré « A pas de loup », et je ne le dis pas parce que c’est toi,
ainsi que « Goliat » de Mehdy Brunet,
et je vous conseille deux livres qui sortent en mars : « 50 AE première fois », de Barras, thriller qui prend sa source autour de la musique punk,
et « Vakarm », de Guillaume Coquery, qui me fait beaucoup penser à du Fred Vargas.
En ce moment, je lis des livres de la série : le poulpe, qui est vraiment de qualité, et je peux vous parler livres pendant encore des heures… C’est une addiction pour moi.
Un coup de gueule ?
Non, je n’ai pas l’habitude d’en pousser, à part quand on touche à mes boutons déclencheurs, l’intolérance et le racisme. Tant que le respect est là, c’est le principal.
Et un dernier petit mot ?
Faites vous plaisir, écoutez-vous, lisez, prenez du temps. C’est important.
Un grand merci pour ta disponibilité Céline !
Avec plaisir, merci pour cette interview Isabelle !
Encore une découverte pour moi, mais avoir adoré « de bonnes raisons de mourir » est sûrement gage de qualité 😁
J’aimeAimé par 1 personne
Adoré aussi et en plus j’ai eu la chance d’interviewer Morgan Audic en live à SMEP. J’avoue j’aime énormément ce qu’il écrit.
J’aimeAimé par 1 personne
Beaucoup de choses dans cet entretien, on sent la passion!
J’aimeAimé par 1 personne
oui c’est cela on sent la passion Marie- Christine
J’aimeJ’aime
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
J’aimeAimé par 1 personne
merci
J’aimeJ’aime
Merci Isabelle pour cette interview!!!
J’aimeAimé par 1 personne